« Coming out » : Ma communauté était là

J’observe souvent ma vie avec un regard « avant et après ». Ce que je veux dire par là, c’est que pendant tellement longtemps, je faisais des efforts pour dissimuler mon identité en tant que personne queer handicapée — même aux personnes les plus proches de moi.

Je suis né·e handicapé·e. J’ai le syndrome de Marfan et le syndrome d’Ehlers-Danlos. On m’a dit que j’avais une « mutation spontanée », ce qui signifiait pour moi qu’il n’y avait personne d’autre qui me ressemblait ou qui avait une expérience semblable à la mienne. Je me sentais différent·e. Je ressentais beaucoup de sentiments lourds et conflictuels par rapport à mon identité. Chaque fois où je parlais ouvertement de mon handicap à quelqu’un·e, c’était comme si je dévoilais une bombe métaphorique. J’ai toujours ressenti le besoin de constamment faire un « coming out » aux gens autour de moi. Comme si je leur devais une explication face à la forme unique de mon corps, ou des réponses à leurs questions au sujet de mon fauteuil roulant ou de ma sonde d’alimentation.

On s’attendait toujours de moi à ce que j’éduque les gens, donc l’idée d’explorer d’autres facettes de mon identité ou de qui je suis me semblait épuisante et c’était comme si ça ouvrait la porte à une nouvelle chose qui m’obligerait à répondre aux questions des autres.

C’était parfois difficile de me sentir connecté·e à d’autres parties de moi-même au-delà de mon handicap. Les facettes physiques ou externes de moi étaient à l’avant de tout. Tout le reste était relégué au second plan. Ce n’était pas facile de trouver l’énergie nécessaire afin de réfléchir à qui j’étais à l’intérieur. En plus de tous les éléments liés à ma santé physique, ma santé mentale était fortement affectée par ma mauvaise estime de moi. Je me jugeais rapidement et j’arrivais à me convaincre que je n’avais « ma place » dans aucune communauté parce que je n’étais pas « assez » ci ou ça, à mes yeux. Lorsqu’on se fait constamment demander de faire un coming out en tant que quelque chose auquel on n’est même pas sûr·e de s’identifier ou qui nous rend inconfortables, ça devient vite mêlant. Une chose que je me répète souvent, c’est qu’au bout du compte, on n’a pas à offrir de réponses si on ne se sent pas à l’aise de le faire. Il n’y a que nous-mêmes qui pouvons décider à qui on donne accès à notre propre vie privée.

Trouver et tisser des liens avec d’autres personnes en situation de handicap a changé mon univers.

N’ayant d’abord personne avec qui j’avais des points communs, j’ai éventuellement trouvé des personnes avec qui je partageais des expériences et une place où je me sentais fier·e d’être. Je suis heureux·se d’être maintenant à une étape dans ma vie où mon identité en tant que personne handicapée n’est pas quelque chose qui nécessite un « coming out », parce qu’elle est simplement là et c’est tout. C’est juste moi. J’ai réalisé combien d’autres parties de moi étaient réprimées parce que j’essayais si fort de trouver ma place. Accéder à cette clarté m’a accordé·e l’espace d’explorer et d’accueillir mon identité queer. Ça m’a offert l’espace dont j’avais besoin pour ressentir et explorer mon identité de genre. J’ai été capable d’accéder à cet espace magnifique à l’intérieur de moi-même où ces grandes facettes de moi pouvaient danser sans retenue et s’entrelacer. Un espace où j’ai trouvé la force de lutter, de défendre des idées et d’éduquer d’une façon qui me convient. Je sais que je peux instaurer des limites autour de ce qui nécessite un « coming out » ou d’être partagé, et ce que je souhaite garder pour moi.

L’accès à une communauté est quelque chose qui est et qui sera toujours si profondément important pour moi.

À toutes les personnes à la recherche de conseils au sujet d’où commencer pour tisser des liens : Internet a été une bénédiction si accessible pour moi. Trouver des rencontres locales par l’entremise de recherches, connecter avec de vraies personnes sur les médias sociaux, avec des groupes spécialisés composés de personnes avec des diagnostics similaires. Tout dépendant du lieu, il peut aussi exister des programmes financés par la communauté. Les bibliothèques offrent également des cours accessibles géniaux. Il existe tant de façons de tisser des liens et d’apprendre. Je me compte si chanceux·se de connaître et d’avoir autant d’ami·es et de membres dans ma famille choisie qui, non seulement, m’acceptent comme je suis, mais qui ouvrent la voie pour tant d’autres personnes en parlant de leurs propres expériences vécues et en démontrant que l’on peut accomplir toutes sortes de choses magnifiques tout en étant handicapé·e : des parents, partenaires, professionnel·les, athlètes, personnes queer, et la liste continue.

On nous dit si souvent que l’on ne peut pas être toutes ces choses et être handicapé·e. On doit peut-être faire un « coming out » et défendre nos droits de différentes façons dans différents espaces. On doit peut-être contourner des obstacles sur notre passage, mais nous nous aurons toujours les un·es les autres.

Nos communautés existent et foisonnent.

A propos de l'auteur

Amy Miller

Amy Miller vit à Midland en Ontario avec sa petite famille. Iel est né·e avec de multiples handicaps et des maladies chroniques. Amy a utilisé un fauteuil roulant ambulatoire durant la majorité de sa vie et dépend également d’autres moyens pour se déplacer. Amy s’identifie en tant que personne queer et non binaire et est passionné·e par son implication en tant que bénévole dans sa communauté, qui lui permet d’aider à créer des liens entre les personnes et les organismes 2SLGBTQIA+, et dans la communauté de personnes en situation de handicap. À part tout cela, iel adore passer du temps à lire des livres, à cuisiner des desserts ou à résoudre des casse-têtes avec son fils.

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