La puissance du partage d’histoires
Cette boîte à outils sert de guide montrant aux jeunes les éléments fondamentaux du partage d’histoires et comment faire du militantisme sur les médias sociaux par l’entremise de leur histoires.
Longtemps avant de savoir que j’étais queer, j’ai réalisé que mettre mes pensées à l’écrit était une excellente pratique pour m’aider à me comprendre. J’aime écrire dans mon journal parce que ça me permet de décompresser, de réfléchir à des expériences positives et négatives et de digérer mes émotions par moi-même avant de les partager aux autres. Je t’expliquerai aujourd’hui quelques approches possibles pour écrire dans ton journal à la maison et comment cette activité m’a soutenue dans mon parcours d’amour de moi-même et d’acceptation de mon identité queer.
Personnellement, j’aime beaucoup « l’écriture libre », en mode « flot de conscience », ce qui me permet de raconter les détails de ma vie quotidienne. Ce style d’écriture est idéal quand j’ai suffisamment de temps, comme lorsque j’amène mon journal dans un café pour y écrire un peu. La fréquence à laquelle j’écris dans mon journal correspond souvent au rythme des périodes de ma vie, allant de périodes plus lentes à d’autres, plus stressantes. Lorsque je me sens bien, je n’écris pas dans mon journal chaque jour parce que je suis occupée à vivre des expériences positives. Quand j’y reviens, l’écriture libre est une approche éprouvée me permettant de raconter toutes les grandes choses qui se sont passées dans ma vie alors que je n’écrivais pas.
Écrire avec une intention particulière est une autre méthode fantastique pour explorer quelque chose qui a suscité en moi des émotions fortes, que ce soit un événement, une conversation avec un·e ami·e ou mentor·e, ou quelque chose de majeur qui se produit dans le monde. J’ai appris, au cours de mon parcours de découverte de ma santé mentale, que c’est facile de se laisser emporter par les stresseurs de la vie quotidienne ; je pense qu’on a tous·tes appris cette leçon au cours des dernières années avec la pandémie de la COVID-19. Quand la vie devient particulièrement stressante, ouvrir son journal et dresser la liste des éléments positifs ou des choses qui te rendent heureux·se peut vraiment aider à s’enraciner dans la réalité. Ce n’est parfois pas facile à faire lorsqu’on se sent coincé·e dans des émotions ou des périodes négatives de notre vie. C’est possible de ne pas avoir envie de réfléchir aux choses qui vont bien, mais je
t’encourage à essayer. Écrire dans son journal en se concentrant sur un état d’esprit de gratitude offre une pause des stresseurs de la journée et aide à se souvenir des belles choses qui se produisent dans notre vie.
Un journal ne doit pas se limiter au partage de tes émotions par l’entremise des mots seulement. Je suis très artistique, donc j’aime bien alterner avec des dessins. Je dessine principalement à l’encre noire dans mes journaux, mais le journal que j’ai fini pendant la première année de la COVID était rempli de dessins à l’aquarelle en couleurs claires. Tu n’as pas à suivre un format « cher journal » strict pour t’y mettre. Le bullet journal, par exemple, gagne en popularité, alors que certaines personnes adoptent une approche scrap-book, intégrant des billets de transport de voyage ou des billets de cinéma de leur dernière sortie avec leurs ami·e·s pour aller voir un film queer. La beauté de ce passe-temps est que tu peux en faire tout ce que tu veux et que tu peux adapter ton approche à tout moment en fonction de tes besoins ; il n’y a pas de limites !
Tenir un journal permet de voyager dans le temps et t’offre la possibilité unique de revisiter des versions passées de toi. Cet aspect représente probablement ce que je préfère du fait de tenir un journal et c’est ce qui m’a permis de me connaître beaucoup mieux. J’ai commencé à écrire dans un journal quand j’étais ado et j’ai continué à le faire à travers mes études universitaires jusqu’à aujourd’hui. J’ai donc accumulé une bibliothèque personnelle d’au moins six ou sept livres complets, chacun à propos d’années différentes, de périodes et d’expériences significatives de ma vie. C’est amusant et aussi enrichissant de pouvoir revisiter le passé. Tu réaliseras que tu peux apprendre de tes expériences passées et appliquer ces leçons à un problème ou une situation que tu traverses actuellement.
Au début de ma vingtaine, j’avais tendance à souvent me retrouver dans les mêmes situations. Constater comment je gérais les choses dans le passé m’a permis d’apprendre comment je souhaitais réellement agir à l’avenir.
Écrire dans un journal est l’une des meilleures manières de t’exprimer, surtout pour ce qui concerne des questions ou des peurs que tu n’es pas prêt·e à partager avec ton entourage. Cela s’est révélé particulièrement vrai pour moi lorsque j’avais de la difficulté à accepter mon identité queer au secondaire. En tant qu’ado, j’ai soudainement été confrontée au fait que j’avais le béguin pour une de mes amies. C’était une période très difficile pour moi ; je n’ai pas grandi dans une famille ouverte et dans l’acceptation des réalités 2SLGBTQ+, mais j’ai quand même pu déverser toute ma confusion, toutes mes peurs et ces sentiments nouveaux que je ressentais envers mon amie dans un espace sécuritaire et fermé en écrivant. À l’époque, écrire dans mon journal était un mécanisme de survie et un exutoire créatif primordial pour moi. Des questions comme « que penseront les autres ? »
et « est-ce que ça va aller ? » m’empêchaient de dormir le soir, mais j’ai heureusement pu les écrire noir sur blanc même si je ne sentais pas que je pouvais en parler à ma famille et à mes ami·e·s. Les pages de mon journal me permettaient de tout ressentir : le bon, le mauvais, et éventuellement la douceur lorsque j’ai finalement admis que j’aimais mon amie, même si je ne pouvais pas le dire à haute voix. C’est infiniment important que les jeunes personnes queers soient soutenues et aimées, mais dans mon cas, je n’étais pas certaine que j’aurais accès à cet amour et à ce soutien si j’exprimais ces nouveaux sentiments accablants. Quand j’ai finalement affirmé mon identité après avoir déménagé, mon journal est devenu l’espace où je documentais toutes les choses de ce nouveau monde alors que j’explorais mon identité queer. J’aime beaucoup revisiter ces pages parce qu’il s’agit d’une capsule temporelle de joie queer pure.
Pour les parents qui lisent ceci, je veux souligner l’importance de cet exutoire pour les jeunes personnes queers. Le fait qu’un·e enfant écrive ses pensées en privé ne signifie pas automatiquement qu’iel n’a pas confiance en vous ou qu’iel ne veut pas vous partager ce qu’iel ressent. Je vous invite à vous souvenir d’un moment où vous étiez particulièrement stressé·e ou incertain·e face à quelque chose dans votre vie. Vous y avez probablement pensé un peu par vous-même avant de partager vos sentiments avec les autres, non ? Je dirais que c’est exactement ce que fait votre enfant ou l’enfant queer dans votre vie et je vous encourage à lui laisser l’espace de réfléchir, seul·e. Ne lisez pas le journal ou peu importe le médium d’expression qu’iel choisit pour explorer ses pensées et ses sentiments. Cela pourrait être un immense abus de confiance et s’iel se sent soutenu·e, vu·e et entendu·e, iel vous en parlera quand iel sera prêt·e.
Écrire dans mon journal a eu un impact énorme sur ma santé mentale sur ma compréhension de mon identité en tant que femme queer racisée aux origines mixtes. Ça m’a aidé à améliorer ma capacité d’exprimer mes émotions pour moi-même, ce qui a fait de moi une meilleure communicatrice auprès des personnes avec qui j’interagis chaque jour. Je vais te laisser avec quelques questions pour t’inspirer à écrire et des ressources pour t’aider à commencer. J’espère que tu as appris comment l’écriture dans un journal peut être un outil incroyable pour t’aider à mieux te comprendre et aussi un espace pour exprimer tes questions au sujet des identités queers où tu peux avancer à ton propre rythme.
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