Confinement et découverte de mon identité

À propos —Une exploration de comment la pandémie a mené à un temps de réflexion et d’acception de l’identité de Maisyn.

COVID-19 Mental Health Digital Hub

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An illustration of a masculine person standing in front of a mirror facing the reflection of a feminine person in a dress.

En tant qu’étudiant·e de première année, en 2019, vivant dans une ville plus grande que l’endroit où j’ai grandi, je m’y suis retrouvé·e à explorer mon identité et à m’exprimer différemment. Je viens d’une communauté majoritairement blanche et conservatrice, la petite ville de Rothesay au Nouveau-Brunswick. En tant que personne transmasculine, je n’avais pas beaucoup d’espace pour explorer la fluidité de mon genre, ou encore l’histoire de ma culture. J’attirais déjà l’attention en tant que personne racisée qui n’était pas cis. Je me sentais coincé·e et restreint·e dans la façon dont je pouvais m’identifier et j’avais l’impression de seulement pouvoir être accepté·e en incarnant un genre « valide » ou l’autre. 

Bien que j’aie toujours aimé ma présentation de genre masculine, je ressentais l’envie d’élargir mon identité et de tester les limites que les personnes cis et hétéros ne peuvent pas comprendre. En tant qu’Inuk, il me paraissait impossible de me trouver dans un espace où mon esprit était complètement accepté. La majorité des personnes à Rothesay ne comprenaient pas les identités au-delà de la transmasculinité ou de la transféminité, sans parler des cultures diverses, donc être moi-même était difficile, surtout dans une si petite communauté.

Je savais que quitter ma ville natale serait thérapeutique et répondrait à mes besoins. À l’époque, je voyais un·e conseiller·e pour me soutenir dans ma transition.

Ma·on conseiller·e m’avait dit que l’Université St Thomas serait un endroit idéal pour moi et que l’ambiance serait meilleure qu’ailleurs parce qu’il y aurait plus de personnes queers comme moi et plus de personnes partageant mes intérêts. J’avais l’occasion de me réinventer de la façon dont j’avais toujours voulu être perçu·e, mais je commençais alors seulement à m’exprimer dans le confort de ma chambre. J’occupais toujours une posture d’ignorance face à la fluidité ; j’avais peur de ruiner une certaine image de moi et de confirmer les présuppositions de mes pairs qui n’ont peut-être jamais été fondées. Pour ma santé mentale et pour l’acceptation, je croyais aussi que le spectre n’était que binaire. 

Au début du confinement, je passais de plus en plus de temps seul·e — ce qui signifie que je pouvais essayer différents styles vestimentaires à l’extérieur de mon combo jeans et coton ouaté habituel. Quand j’étais au secondaire, je me souviens d’essayer secrètement les vêtements de ma sœur, et le fait de pouvoir être masculin·e tout en portant des vêtements féminins me permettait de me sentir encore plus connecté à moi-même. J’ai essayé cette combinaison à nouveau pendant la pandémie et commandé en ligne toutes sortes de vêtements différents que j’avais envie de porter : des jupes, des crop tops, des camisoles, même des brassières. C’était une facette de l’euphorie que je n’avais pas ressentie auparavant. J’étais euphorique d’être masculin·e, mais je n’avais jamais été euphorique avec mon côté féminin. C’était un concept qui était nouveau pour moi et j’étais enthousiaste à l’idée de l’explorer.

An illustration of hands holding a phone with a heart on the screen.

C’est à ce moment que j’ai commencé à publier des vidéos sur TikTok. Je n’avais alors pas d’abonné·e·s, mais quelques personnes m’ont trouvé·e sur leur « for you page » et ont commencé à m’encourager au long de mon parcours. Je ne m’identifiais pas encore comme bispirituel·le, quoique quelques personnes dans ma vie avaient déjà suggéré que je l’étais peut-être. Je ne comprenais pas le terme la première fois que je l’ai entendu, et en explorant les différentes façons de m’exprimer, j’ai fait mes recherches. Quand je suis tombé·e sur Coyote Park, ou @nativeboytoy, j’ai immédiatement été inspiré·e. Je l’ai d’abord trouvé·e sur TikTok ; j’ai regardé de vidéos d’iel s’habillant parfois de façon masculine, parfois féminine, parfois androgyne. Iel est très ouvert·e et expressif·ve avec son identité et je n’avais jusque-là pas réalisé que je pouvais moi-même être tout aussi fluide avec mon identité. Je savais que je devais explorer ma culture aux côtés de mon identité de genre, et la première étape était d’arrêter d’avoir peur, d’arrêter de me retenir par souci de l’opinion des autres. Je savais qu’une fois que je n’avais plus peur, je serais puissant·e, confortable et heureux·se. 

Une fois que j’ai adopté l’identité bispirituelle, j’ai commencé à publier des vidéos au sujet de cette identité. J’ai commencé à me bâtir une plateforme autour de ma culture et de mon identité et j’ai trouvé des personnes qui me soutenaient et qui étaient inspirées par mon contenu. Je me suis mis·e à éduquer les gens et à établir des liens importants avec des personnes que j’admire. Toutes ces expériences m’ont donné accès à un sentiment de complétude. Dans un TikTok, à l’époque, j’avais illustré ce sentiment en parlant d’un morceau de casse-tête qui manquait à ma vie. Éventuellement, après avoir créé une fondation stable sur TikTok, It Gets Better Canada m’a contacté·e. L’organisme m’a donné l’occasion de partager ma voix à toute la communauté queer et d’élargir mon public. It Gets Better Canada m’a donné une nouvelle plateforme par l’entremise de nos nombreux projets collaboratifs. Je dirais que mon objectif principal était d’éduquer les gens qui ne comprennent pas les identités comme les miennes, et de démontrer aux autres que d’être soi-même de façon authentique, c’est tellement plus important que le jugement des autres et c’est ce que IGBC m’a permis d’exprimer, en d’autres mots. 

Après trois ans, je peux dire que je suis reconnaissant·e, en quelque sorte, envers la pandémie. J’ai souvent dit que la pandémie m’a sauvé moi-même et qu’elle a aussi sauvé mon identité. J’ai pu trouver la confiance de me retrouver avec moi-même et de finalement montrer au monde qui je suis vraiment.

Au sujet de l’auteur

 

Allô! Je m’appelle Maisyn Semigak (iel/iel/læ), je suis né·e au Nouveau-Brunswick, au Canada et j’ai des racines au Labrador. Je suis Inuk et bispirituel·le. Depuis 2020, je suis militant·e autochtone queer sur TikTok et je fais de la sensibilisation et de l’éducation au sujet de la défense des droits autochtones et de l’histoire autochtone tout en explorant ma propre identité. J’ai bâti ma plateforme graduellement et j’ai éventuellement collaboré avec It Gets Better Canada pour élargir ma plateforme et la leur afin d’offrir à nos différents publics des ressources et du contenu éducatif.

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