Nos communautés sont primordiales au bien-être holistique de chaque individu. Comme nous l’avons appris pendant le confinement de la pandémie de la COVID-19, nous avons besoin de la communauté pour assurer la sécurité de chacun·e. Bien que la pandémie ait affecté nos vies quotidiennes de nombreuses manières, les communautés 2SLGBTQ+ et rurales démontrent l’importance de la communauté. C’est lors de la pandémie que plusieurs d’entre nous ont accédé au temps et à l’espace nécessaires afin de réévaluer notre relation avec nous-mêmes, avec les autres et avec la planète. Les manières dont le soutien se manifeste au sein des communautés en sont émergées.
Grandir en tant que personnes 2SLGBTQ+ dans le Canada rural implique des difficultés uniques puisque la localisation géographique et l’isolement influencent l’identité de façon très particulière. Découvrir et naviguer les identités queers et trans dans le Canada rural peut soulever des sentiments de solitude, alors que la représentation de la communauté 2SLGBTQ+ a été limitée et restreinte par des croyances coloniales hétéronormatives et cisnormatives. Pour plusieurs personnes, affirmer son identité et vivre de manière authentique peut s’avérer une lourde tâche en raison de l’attention non désirée que cela engendre au sein des petites communautés tissées serrées. Ce genre de communauté, où le soutien existe néanmoins, peut créer des environnements anxiogènes en lien avec la divulgation de l’orientation sexuelle et de l’accès à des soins de santé. Accéder à des soins de santé, en tant que personne 2SLGBTQ+ en milieu rural canadien, implique de nombreuses barrières d’accès comme la divulgation du type de rapports sexuels, de relations et de besoins uniques à un système de santé connu pour avoir historiquement ostracisé bon nombre de membres des communautés 2SLGBTQ+.
En tant que personne bispirituelle ayant grandi en milieu rural en Colombie-Britannique, j’ai eu de la difficulté à accéder au sentiment d’être représenté·e dans la communauté queer et trans. À cause de la colonisation, mon identité autochtone était pour moi une source d’anxiété et mon existence, quant à elle, était considérée comme étant un problème. Ces sentiments, en combinaison avec la honte, la culpabilité et la peur intrinsèques à mon identité queer, ont agi en tant que barrières en soi. Plusieurs personnes 2SLGBTQ+ partagent ou ressentent également le sentiment de ne pas tout à fait appartenir. Il s’agit là d’une seule expérience personnelle ; il y a par exemple de nombreuses façons avec lesquelles les situations de handicap, la neurodivergence et d’autres identités affectent nos relations au sein des communautés rurales. Je partage ceci pour reconnaître que nous héritons tous·tes de ces croyances et que la responsabilité nous revient d’apprendre et de désapprendre. Ce n’est que lorsque j’ai trouvé ma communauté que j’ai commencé à désapprendre les mythes entourant la sexualité à en apprendre davantage au sujet des différentes identités de genre.
Depuis plusieurs générations, mes communautés autochtones et les communautés queers et trans ont survécu à l’effacement grâce à la force de leurs communautés.
Skye Wilson (il/iel) Tweet
Pour plusieurs communautés queers et trans, cette survivance a été cachée dans les coulisses des zones urbaines. Elles ont créé des espaces queers et trans pour s’y sentir plus en sécurité pour vivre en toute liberté et pour partager leurs idées entourant leurs besoins. Ces espaces ont répondu à leur besoin d’être vu·e·s, célébré·e·s et aimé·e·s, tout en reconnaissant que les personnes queers et trans ont toujours existé. Pour les personnes habitant des milieux ruraux, il peut être particulièrement difficile d’affirmer ses identités pour les raisons nommées plus haut, mais les communautés débutent par des relations individuelles.
Tout en reconnaissant mes propres privilèges, je t’invite à affirmer tes identités, qu’elles soient 2SLGBTQ+, autochtones ou rurales parce que des gens étaient là avant toi et d’autres y seront après toi avec des expériences semblables. Tu n’es pas seul·e. Vivre librement peut impliquer et impliquera sûrement des difficultés sociales, et je t’invite à y réfléchir, mais un tout petit geste peut entraîner des vagues infinies. Crée des espaces pour les personnes 2SLGBTQ+, pour nos ancêtres et pour les générations futures ; crée les espaces dont tu as besoin.
Toutes les communautés sont différentes et ont des besoins distincts. Les communautés, qu’elles soient rurales, 2SLGBTQ+, autochtones ou autre, ont une vision du monde et naviguent le monde d’une façon qui leur est propre et lorsqu’on se rassemble en tant que communauté, il est important de se rejoindre dans les similarités et de reconnaître les différences. Comprendre les besoins des communautés est une étape importante afin de revendiquer les manières avec lesquelles les allié·e·s et le système de santé peuvent nous soutenir et nous offrir les soins qu’on mérite. Les personnes queers et trans sont les expert·e·s en ce qui a trait à leurs expériences et dans la façon avec laquelle elles subissent des méfaits dans les communautés rurales et dans le système de santé, mais les temps changent. Les communautés rurales et le système de santé ne connaissent pas ce qu’elles ne connaissent pas et la responsabilité leur revient de désapprendre l’idéologie coloniale qui est leur héritage. Dans de nombreuses communautés, les soins de santé et le soutien 2SLGBTQ+ demeurent un terrain inconnu et c’est donc l’occasion pour créer et façonner les soins dont nous avons besoin. Nous ne pouvons pas créer la communauté que l’on désire sans que chaque personne de la communauté soit impliquée ; nous avons besoin d’être les leaders de notre santé. La santé et le bien-être, comme nous avons pu le constater au cours des 3 dernières années, dépendent du soutien de la communauté entière. Ensemble, nous pouvons désapprendre et apprendre des façons de soutenir les personnes 2SLGBTQ+ dans les communautés rurales.
Skye Wilson (il/iel) est une personne Gitxsan, bispirituelle de Kispiox qui est aussi étudiant·e, animateur·rice d’ateliers et militant·e pour la justice sociale. Skye soutient ses communautés par l’entremise d’ateliers décoloniaux, anti-oppressifs et inclusifs tout en priorisant le plaisir et le soin de la communauté. Skye espère encourager et renforcer la visibilité trans pour les personnes vivant dans des zones rurales grâce à l’expression de soi, l’amour de soi, et en essayant de trouver de la joie queer dans toutes sortes de situations. La célébration de la joie queer est une excellente façon de se souvenir que les choses iront mieux; Skye puise de la joie dans le maquillage créatif, le volleyball, la reconnexion à sa culture et en dansant avec ses ami·e·s.