Cosplay, ruptures et trouver ma voie
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Déménager à Montréal pour étudier à l’Université McGill était la première étape à ma réclamation d’espace en tant que personne marginalisée. Mon intention était d’étudier en histoire et en études autochtones afin de connaître le contexte historique de différents événements sociopolitiques et de différents systèmes, pour ensuite mieux défendre les intérêts et les droits des personnes autochtones, et mieux comprendre leur histoire et les enjeux qui les affectent actuellement. J’étais au front, à Montréal, lors de manifestations pour la justice climatique et les droits autochtones, vêtu d’un chandail sur lequel était écrit « Femmes autochtones fortes ». Je me disais que c’était approprié parce que j’étais techniquement considéré comme une femme autochtone, mais j’ai toujours su que j’étais une femme seulement parce que c’est ce que les autres me disaient. Je savais que je voulais être un éducateur et intervenant communautaire, mais pas en tant que femme : en tant que personne au genre non conforme.
Mon morinom a toujours été ce qui me causait le plus de dysphorie avant de faire mon coming out. J’ai toujours senti que je performais un rôle qui n’était pas le mien. Je me souviens de dire des choses, en grandissant, comme « Je n’ai pas de seins » et de dissocier en pensant à mon morinom parce j’avais l’impression d’être coincé à l’intérieur d’un corps qui n’était pas opéré par la vraie version de moi, mais plutôt par une version vide qui ne cherchait qu’à plaire aux autres. J’ai jonglé avec différents pronoms pendant un an jusqu’à ce que je fasse finalement mon coming out et que j’adopte les pronoms iel/il parce je suis un être humain mais aussi masculin, un shapeshifter comme dit Coyote Park (un·e artiste autochtone bispirituel·le (Yurok) choréen·ne-américain·e transgenre), un être féminin et masculin qui guérit et qui s’aime au fil du temps. J’ai commencé à utiliser le nom Atreyu en octobre 2021 et c’est une décision que j’ai prise en laissant tomber les inquiétudes qui ne me servaient plus. Je savais qu’Atreyu, ce nom choisi qui me semblait pourtant être un nom que j’avais toujours porté, me permettait de remédier aux lacunes qui m'empêchaient de me comprendre pleinement. Ce sont aussi l’acceptation de mes ami·es et de ma famille ainsi que la compréhension de concepts comme l’intersectionnalité qui m’ont orienté vers mon parcours de guérison.
Rising from our Roots est un organisme que j’ai fondé pendant l’hiver 2022 après avoir constaté les lacunes importantes dans le domaine des arts pour les personnes BIPOC queer et trans ainsi que le manque d’éducation entourant les approches fondées sur l’équité dans la planification d’événements et le financement. Des ami·es et moi voulions remédier à ces lacunes, en faisant appel aux connaissances que j’ai acquises dans plusieurs espaces d’apprentissage, pour créer un espace sécuritaire où les personnes marginalisées comme nous pouvaient être célébrées, soutenues et trouver la joie à laquelle elles peuvent difficilement accéder dans d’autres espaces. Les espaces qui centralisent l’expérience des personnes marginalisées et qui sont gérées par des personnes marginalisées offrent une guérison communautaire à laquelle nous n’avons jamais eu droit dans nos jeunes années en raison de la compréhension restrictive de la société à l’égard de l’existence des personnes marginalisées. Notre premier projet était le Marché BIPOC queer et trans qui fut un énorme succès et dans le cadre duquel nous avons récolté des centaines de dollars pour des organismes de première ligne à Montréal en plus d’offrir un espace où les artisan·e·s et artistes pouvaient se rassembler, réseauter et partager leurs créations comme forme de résistance aux nombreuses politiques, aux coûts et aux barrières systèmiques qui les freinent. Nous sommes maintenant à notre premier anniversaire, qui arrive ce printemps, et nous organisons l’événement à nouveau en avril pour continuer à normaliser et encourager les personnes BIPOC queer et trans dans les espaces sociaux et politiques.
La joie et le succès des personnes BIPOC queer et trans repose dans notre façon de résister, collectivement, contre le capitalisme et le colonialisme. Les colonisateur·rice·s et les personnes non queer ou trans doivent partager leurs ressources aux organismes de terrain et s’impliquer dans le travail que nous réalisons pour ainsi voir la beauté qu’on a à partager afin qu’elles puissent commencer à comprendre la quantité de travail qui reste à accomplir pour atteindre la libération des systèmes oppressifs. La guérison et l’épanouissement sur le terrain sont la meilleure forme de défense des droits et ont un impact sur les personnes qui ont grandi de façon isolée ou qui était incomprises comme je l’ai déjà été. Il y a des jours meilleurs qui attendent les personnes queer, peu importe leur forme ou leur état actuel. Nous avons toujours été là et seront toujours là pour partager et accueillir nos diversités tout en faisant la promotion du bien-être, de l’amour et de la beauté.
Atreyu Lewis (iel/il) est un étudiant, organisateur communautaire, intervenant communautaire et défendeur de droits Anishnaabe Ojibwe et Punjabi queer trans qui étudie à l’Université McGill. Iel est originaire de Tkaronto sur le territoire du Traité 13 et réside actuellement à Montréal sur le territoire non cédé Kanienkehaka. Son travail consiste à chercher des solutions et des approches à la justice basées sur l’équité pour les communautés marginalisées, les droits autochtones, la justice pour les personnes en situation de handicap et sur le spectre de la neurodiversité à l’aide de cadres anti-oppressifs.
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