Être queer dans les prairies

Oki et kamusta tout le monde ! Je m’appelle Kelsey, mais vous pouvez m’appeler Kels. Je suis une personne queer philippine canadienne et j’ai passé toute ma vie dans les prairies, ici en Alberta, au Canada. J’ai une série de podcasts vidéo appelée Queer in Alberta où je m’entretiens avec des personnes albertaines de toutes sortes de milieux, genres, races et orientations sexuelles afin qu’elles partagent leur histoire. C’est un immense plaisir pour moi d’écrire ce billet et d’ainsi contribuer à la représentation queer des prairies.  

J’ai envie de faire un peu de place pour les moments de joie queer qui sont trop souvent laissés pour compte.

Un peu comme tout le monde, je connais les nombreux stéréotypes entourant l’identité queer en Alberta, des stéréotypes qui semblent souvent mettre l’accent sur à quel point c’est difficile et compliqué. Ce sont des choses que j’ai ressenties dans ma propre vie et que j’ai entendues dans les mots des personnes que j’ai interviewées, mais aujourd’hui, j’ai envie de faire un peu de place pour les moments de joie queer qui sont trop souvent laissés pour compte. En partageant mon histoire, ayant grandi dans un milieu rural, et celle de mon amie Alix, j’espère pouvoir démontrer à mes lecteur·rices quelques-unes des petites victoires qui me rendent fière d’être queer en Alberta.

Comme vous le constaterez avec l’histoire d’Alix, certain·es d’entre nous sommes queer et adorons le rythme de la vie au cœur de ces petites villes. Je vis dans le territoire du Traité 7 dans la ville de Lethbridge depuis maintenant neuf ans. Pendant ma première semaine à l’université, je me souviens d’un moment où j’observais les lumières de la ville lors d’une balade en voiture le soir et d’être envahie d’une réalisation soudaine : ce nouveau monde autour de moi était tellement plus grand que celui où j’avais grandi ! J’ai grandi en campagne, dans le Lakeland, un arrondissement municipal situé à trois heures et demie au nord-est d’Edmonton. J’ai obtenu mon diplôme du secondaire à Bonnyville, en Alberta, une ville de 5000 habitant·es. Si je devais résumer certains aspects marquants de ma vie à la campagne, les premières choses qui me viennent à l’esprit sont les virées en voiture jusqu’à la ville voisine pour aller au Wal-Mart ou au cinéma et où chaque événement important été célébré au Boston Pizza. 

C’est un peu étrange pour moi d’écrire au sujet de mon expérience de vie queer dans une petite ville puisque a) ça fait si longtemps que je ne vis plus à la campagne et b) lorsque j’y vivais, j’étais profondément dans le déni à propos de mon orientation sexuelle. Mes parents n’ont jamais imaginé un avenir où leur fille aînée unique puisse être quoique ce soit d’autre qu’hétérosexuelle et l’éducation sexuelle à l’école n’abordait que les relations cisgenres hétérosexuelles ou passantes pour hétérosexuelles. Tout ce qui était « gai » était socialement et moralement tabou et, malheureusement, les conversations à ce sujet étaient donc systématiquement évitées. J’avais une enseignante à l’école qui était queer, mais loin de comprendre ma propre identité, je n’ai jamais communiqué avec elle. Conséquemment, jusqu’à ce que j’aie 18 ans et que je déménage à Lethbridge, les personnes queer étaient simplement de l’ordre de la fiction — non existantes et si elles étaient mentionnées, elles étaient dépeintes comme des caricatures troublantes nettement influencées par des stéréotypes nocifs et dépassés. Je veux prendre un moment pour reconnaître que bien que j’aie eu l’occasion de quitter la petite ville où j’ai grandi, ce n’est pas toutes les personnes queer en Alberta qui font de même. En effet, certain·es préfèrent rester dans les petites communautés où iels ont grandi. 

Alix et moi avons fait connaissance par l’entremise de Queer in Alberta. Nous avons toutes les deux grandi dans un milieu rural, mais contrairement à moi, Alix a décidé de rester à Stettler, un village environ de la même taille que Bonnyville. Les différences entre les expériences d’Alix et les miennes m’ont épatée et rappelé que, de la même manière que j’ai considérablement changé et évolué pendant la décennie depuis que j’en suis sortie, ces petits villages ont également eu des occasions d’évoluer. En tant qu’enseignante ouvertement bisexuelle, Alix avait peur d’affirmer son identité aux débuts de sa carrière. Lorsqu’elle l’a fait, elle a été agréablement surprise de constater que tout le personnel de son école l’acceptait et était content pour elle. Des collègues enseignant·es et même des membres du personnel à qui elle ne parlait habituellement pas lui ont offert du soutien et étaient curieux·ses de lui poser des questions sur des ressources pouvant leur apprendre à être de meilleur·es éducateur·rices pour les élèves queer.

Alix a décidé d’être la première personne à introduire ses élèves de première année à de l’éducation et à des sujets queer, que ce soit en lisant des histoires où un·e enfant a deux mamans ou en parlant des façons différentes de s’exprimer par le genre. Pourtant, encore, elle a été surprise de découvrir qu’avec des trucs comme TikTok, les enfants ont accès à tellement de choses qui leur permettent de voir des gens et des communautés auxquelles iels n’auraient pas autrement accès dans leur petit village. Cette notion était particulièrement marquante pour moi parce que quand j’étais jeune à Bonnyville, mon univers me semblait si petit et limité. Avec l’arrivée de TikTok et des médias sociaux, les jeunes ont accès à un monde numérique immense. Iels peuvent accéder à de la représentation, à de l’éducation et à des outils auxquels je n’aurais jamais rêvé quand j’avais leur âge. En ajoutant une touche queer à son style d’enseignement en classe, Alix a rapidement réalisé que les parents commencent à aborder ces sujets à la maison avec leurs enfants, quelque chose qui aurait été absolument improbable à mon époque.

Alberta, un lieu aussi imparfait que n’importe quel autre endroit, il y a de la place pour l’ouverture, la croissance et l’amour.

Depuis que j’ai gradué, j’ai appris que certain·es de mes ancien·nes collègues de classe avaient déménagé et fait leur coming out comme moi ou que d’autres étaient resté·es et avaient été assez braves pour s’affirmer dans ce petit village. La célébration de la Fierté de Lakeland a commencé à gagner en popularité et un·e de mes ami·es a pris des photos incroyables de la première levée du drapeau de la fierté l’été dernier. Ces événements et l’histoire d’Alix m’inspirent à prendre plus de place dans un endroit où je n’aurais jamais cru pouvoir le faire. L’histoire d’Alix prouve qu’en Alberta, un lieu aussi imparfait que n’importe quel autre endroit, il y a de la place pour l’ouverture, la croissance et l’amour. Je ne pense pas que je m’installerais dans un endroit aussi petit que là où j’ai grandi, mais en ce moment, je suis reconnaissante du temps que j’ai passé dans un petit village et je me sens inspirée par la bravoure, la résilience et les victoires des membres de notre communauté qui y vivent. Si tu es dans un petit village et te sens isolé·e, je veux que tu saches que tu n’es pas seul·e. Le monde évolue et change si rapidement, et il y a tant de ressources fantastiques pour te soutenir, peu importe où tu te trouves. Par l’entremise de Queer in Alberta, j’ai entendu des histoires de groupes GSA (alliance gaie-hétéro) actifs comme celui qu’Alix tenait dans son école à Stettler, et j’ai appris que des organismes incroyables comme Skipping Stone à Calgary existent, un organisme qui offre des ressources et des soins relatifs au genre accessibles sur leur site Web. La représentation queer et le soutien sont juste là, même si c’est possible de ne pas les voir dans la vie quotidienne.

Nos communautés existent et foisonnent.

A propos de l'auteur

Kelsey Delamarter

Kelsey Delamarter est une personne philippine canadienne qui réside à Lethbridge, en Alberta. Elle est l’animatrice et la créatrice de Queer in Alberta et à l’automne 2022, Kels a reçu la subvention Telus Storyhive Voices 2.0 pour amener la série de podcasts vidéo à de nouveaux sommets sur OptikTV à l’été 2023. Outre son podcast, elle travaille actuellement sur sa maîtrise en anthropologie et travaille comme commis muséologique au musée Galt Museum & Archives - Akaisamitohkanao’pa à Lethbridge, en Alberta. Pour suivre Queer in Alberta, vous pouvez vous rendre sur Spotify, Apple Podcasts, Amazon et Google, ou vous pouvez visionner les épisodes en ligne sur YouTube. De plus, Alix anime un autre podcast à ne pas manquer appelé Small Town Not Small Minds avec son ami·e Amy, qui est également accessible sur les mêmes plateformes. Queer in Alberta and in fall 2022, Kels received the Telus Storyhive Vocies 2.0 grant to take the video podcast series to new heights on OptikTV in summer 2023. Outside of podcasting, she is currently working towards her Masters degree in Anthropology and working as a museum attendant at the Galt Museum & Archives – Akaisamitohkanao’pa in Lethbridge, Alberta. If you’d like to follow along with Queer in Alberta, you can listen to the podcast on  Spotify, Apple Podcasts, Amazon, and Google, or you can watch online on YouTube. Additionally, Alix runs an amazing podcast called Small Town Not Small Minds with her friend Amy, also available on many of the same platforms. 

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