« Je refuse de sortir du placard »

Mon parcours de découverte de mon orientation sexuelle

Il n’y a pas de modèle à suivre pour l’orientation sexuelle. Que tu sois du type sportif dans le placard, ou plutôt du type chrétien·ne confus·e, chaque personne a une histoire unique en lien avec son orientation sexuelle qui mérite d’être racontée, entendue et validée. En lisant ce qui suit je t’invite à garder en tête que « l’orientation sexuelle est un spectre ». C’est possible que le texte qui suit ne te parle pas du tout et c’est tout à fait correct.

Pour raconter cette histoire comme il faut, je dois commencer par une période très traumatisante de ma vie : l’école primaire. C’est vrai ce qu’on raconte; les enfants peuvent être MÉCHANT·ES et mon expérience n’est pas l’exception : « Fif », « Fucké », « Tapette », et toute la gamme, je l’ai entendue souvent. À l’école primaire, je n’ai jamais vraiment senti d’attirance envers les garçons ou ressenti le besoin de repousser cette partie de moi comme plusieurs le font. Donc pour moi, me faire appeler tous ces noms faisait surtout mal surtout parce que je n’ai jamais senti que je pouvais être authentiquement moi-même sans être puni, et non parce que c’était nécessairement vrai. Avec le recul, ça m’attriste de penser à une version jeune de moi qui se faisait dire qu’elle était gaie avant même d’avoir l’occasion de comprendre ce que ça voulait vraiment dire.

Je blâme souvent mon école catholique d’avoir causé du tort à ses étudiant·es en ne mentionnant seulement que les relations hétéronormatives dans le contexte de classe. Une école ou le sujet de l’homosexualité est tabou permet aux élèves de se sentir en confiance dans leur ignorance et de perpétuer l’idée selon laquelle « l’homosexualité est un pêché ». Ne pas permettre à des esprits en développement d’apprendre d’autres avenues d’attirance que celle entre un homme et une femme engendre une mentalité où le terme « gai·e » se revêt d’une connotation négtive. Ça me brise le cœur de penser au fait qu’il y a des enfants qui croient que le terme « gai·e » est aussi dérogatoire que « fif » par exemple, comme je le croyais à l’époque.

Lorsqu’est venu le temps de rentrer au secondaire, j’ai passé d’une école catholique conservatrice et fermée d’esprit à une école publique ouvertement inclusive et diversifiée. Dans ce nouvel environnement, plus le temps passait, plus je réalisais que j’étais attiré par toutes sortes d’identités de genre différentes.

Au début, je repoussais ce sentiment; pas parce que j’en avais honte mais plutôt parce que je ne voulais pas que mes intimidateurs d’autrefois aient raison.

Ne pas me laisser vivre de manière authentique me paraissait plus facile que de ressentir que mes intimidateurs de l’école primaire avaient gagné. C’est ridicule de penser que des personnes, qui n’étaient plus dans ma vie, avaient cette emprise sur les décisions que je prenais.

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Malheureusement, même dans une école d’arts qui affirme être ouvertement inclusive, de nombreux enjeux et difficultés demeurent. Avant même d’être officiellement sorti du placard, j’étais à nouveau aux prises avec de l’intimidation. Une journée normale comprenait des chuchotements, des regards et des rires qui devenaient particulièrement prononcés lorsque je passais devant un groupe de sportifs hyper masculins dans les couloirs. Mon école prétendait prôner l'égalité et l’acceptation; pourtant la réalité était toute autre. Tout geste ou comportement discriminatoire à l’école engendrait l’expulsion du programme d’arts, ce qui voulait dire que pour m’intimider et pour intimider les autres étudiant·es queer, les intimadateurs devaient faire preuve de créativité. Je me souviens vivement d'un moment où je me suis fait cracher dessus dans les couloirs par un groupe de « jeunes cool » de 17-18 ans pendant que d’autres jeunes de leur groupe surveillaient les alentours pour ne pas se faire pincer par des profs. J’avais souvent peur d’aller aux toilettes des garçons parce que je savais qu’ils s’y rassemblaient souvent pour vapoter et parler en mal des autres étudiant·es.

Tout ça est absolument terrible, mais ce n’est pas le début de mon histoire d’origine de méchant. Je suis éventuellement arrivé à un endroit, mentalement, où les choses que les gens faisaient ou disaient n’avaient plus d’impact sur ma façon de vivre ma vie.

Avec cette puissance nouvelle, j’ai pris la décision de ne jamais sortir du placard de façon publique.

Dans mon parcours, j’ai tellement souvent ressenti que je devais expliquer ou justifier les raisons pourquoi j’aime qui j’aime, donc au lieu de justifier publiquement mon orientation sexuelle, j’ai commencé à simplement vivre en harmonie avec ma vérité, de fréquenter et d’aimer peu importe la personne qui m’attire dans le moment.

Il n’y a pas de modèle à suivre pour l’orientation sexuelle; l’orientation sexuelle est un spectre. Il y a quelques années seulement j’ai réalisé que je m’identifiais mieux au terme pansexuel qu’à bisexuel. L’orientation sexuelle est unique à chaque personne et il n’y a pas de solution universelle.

Le meilleur conseil que je pourrais donner à une personne en exploration d’elle-même est d’arrêter de chercher à trouver le titre parfait et de suivre ses sentiments à la place. Les titres ne sont pas permanents, tes sentiments le sont.

Écoutez Ethan raconter son histoire!

A propos de l'auteur

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Ethan Berkeley-Garcia

Ethan Berkeley-Garcia (il/lui) est un acteur, compositeur-interprète et mannequin pansexuel originaire de Brampton en Ontario. Il a déjà sorti deux chansons qui se trouvent sur les principales plateformes musicales numériques et espère sortir son premier album dans un avenir proche. Tu as peut-être déjà vu Ethan à la télévision en tant que co-annonceur de nouvelles pour l'émission Recap sur BBC, sur la scène dans de nombreuses comédies musicales incluant, sans s’y limiter, Newsies, Hairspray et La petite sirène ou dans plusieurs magazines. À part ses projets créatifs, Ethan défend assidûment les droits des personnes 2SLGBTQ+ et continue à utiliser son art et sa plateforme pour défendre l’égalité de toustes.

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