Chimera : ce que ça signifie d’être bispirituel·le pendant le Mois de la fierté et le Mois des peuples autochtones

Un de mes plus vieux souvenirs du Mois des peuples autochtones (aussi appelé le Mois national de l’histoire autochtone) est lorsque j’ai participé à un pow-wow et une danse en cercle à la Central Tech School de Toronto avec la First Nations School de Toronto.

Ce rassemblement regroupait des jeunes danseur·se·s, des joueur·se·s de tambour et des aîné·e·s de la ville qui souhaitaient partager leurs connaissances de la culture et leur passion pour celle-ci et soutenir les efforts d’augmenter la quantité de célébrations de la culture au sein du TDSB (Toronto District School Board). Je me souviens de porter un chandail jaune sur lequel du texte était imprimé en noir ; un article promotionnel pour la Journée nationale des peuples autochtones qui se tient le 21st juin chaque année. C’était mon chandail favori et je le portais souvent à l’école. Je me sentais si bien quand je le portais comme il n’appartenait à aucune catégorie vestimentaire et m’offrait de la flexibilité tant du point de vue du confort que de celui du genre perçu. 

Un de mes souvenirs les plus marquants de la First Nations School est les grands cercles à tous les vendredis, où des cercles de tambours pour les hommes et pour les femmes autour desquels les aîné·e·s, les professeur·e·s et les étudiant·e·s se rassemblaient pour partager leurs enseignements de la semaine. Lorsque le groupe de tambours d’hommes chantait, les personnes de tous les genres et de tous les âges les accompagnaient en chantant en harmonie. Je me souviens de me demander pourquoi je ne pouvais pas chanter avec eux et jouer du tambour. Pourquoi ne pouvais-je qu’harmoniser ma voix à celles du groupe dans des notes aigües avec un tambour à main ou avec ma voix, mais pas avec un plus gros tambour ? Je savais que je n’étais pas un homme, mais je n’étais pas non plus complètement attaché·e à l’identité de fille — pourquoi me sentais-je si inclus·e et exclus·e à la fois, pourquoi étais-je différent·e et pourquoi ne pouvais-je pas célébrer cette différence ? 

Niizh Mandiooagest le terme anishnaabemowin signifiant bispirituel·le et le terme auquel je m’identifie en tant que personne ouvertement queer et trans. Le nom Atreyu m’est venu lorsque j’avais 15 ans et que je dissociais beaucoup. Je me souviens de m’imaginer en tant que personne masculine jouant au soccer et au squash, vêtu·e de tenues masculines, à avoir du plaisir avec mes ami·e·s et que j’utilisais un autre nom avec un·e ami·e proche à l’époque — souhaitant incarner cet état altéré, mais ayant trop peur que ce ne soit pas assez réel. Je réprimais donc cet aspect de moi. Simultanément, j’ai toujours su qu’il y avait un côté féminin à la façon dont je m’habillais, ou à comment j’ai grandi en jouant avec des Barbies, à comment je parle aux autres ou que je chante des notes aigües et que je romantisme le monde qui m’entoure. Plusieurs années plus tard, en arrivant à l’université, j’ai soudainement compris que l’identité de genre ne se résumait pas à ce qui est perçu, mais à comment une personne se sent à l’intérieur d’elle-même et que je pouvais me transformer, alternant entre des univers masculins et féminins.

en arrivant à l’université, j’ai soudainement compris que l’identité de genre ne se résumait pas à ce qui est perçu, mais à comment une personne se sent à l’intérieur d’elle-même et que je pouvais me transformer, alternant entre des univers masculins et féminins.

Je sentais que je connaissais des choses au sujet de l’identité de fille et de femme seulement parce que je les avais étudiées et pas parce que je m’y retrouvais. Je me coupais les cheveux, je ne les laissais jamais détachés, je déchirais des photos et j’ajoutais un ton joyeux à ma voix parce que je pensais devoir mettre mes atouts en valeur, mes atouts étant une belle voix, un beau visage et un morinom (deadname) si unique. Aujourd’hui, en repensant à qui j’étais à l’époque, je n’arrive qu’à voir Atreyu déguisé·e alors que la structure de mon visage, mes cheveux et même mon aura criaient « Atreyu » aussi tôt qu’à la maternelle. Choosing the name Atreyu was a  trip back in time to my younger self at 15, even younger when I had no concept of gender or expectations of how to present, but when I freely expressed my passions for sports, learning,  culture, and friendships. Je n’ai pas choisi le nom Atreyu ; il a toujours été dans ma tête, et il a toujours été mon nom. 

Atreyu, c’est la reconnaissance du masculin blessé qui n’avait pas le droit d’avoir une chevelure majestueuse plutôt que de beaux cheveux, qui ne pouvait pas s’exprimer dans de multiples registres vocaux, mais plutôt toujours dans des notes aigües forcées. C’est aussi la célébration du féminin en moi que je cherche à incarner lorsque je fais appel à mon intelligence émotionnelle et que j’adopte une attitude de femme forte au travail, mais pas en tant que femme, plutôt en tant que non-homme féminin.

Pour le peuple Anishnaabe Ojibwe, Nanaboozhoo est considéré comme étant notre premier ancêtre et le premier humain à marcher sur la terre, une création directe de Gchi-Manitou (Le Créateur), et qui est dépeint comme un héros masculin androgyne qui a appris de ses filiations non humaines comment naviguer le monde en tant que tout premier humain. Nanaboozhoo a beau avoir une apparence masculine, je le considère aussi comme une figure non conforme qui représente le lien entre les univers spirituel et celui de la terre mère.Il est défenseur des enseignements sacrés, mais aussi une personne d’action qui souhaite voir le monde s’épanouir dans la création sans s’attacher à des binarités particulières. C’est important que les personnes autochtones LGBTQ+ d’aujourd’hui aient des membres de la communauté queer et trans impliqué·e·s dans l’animation de cérémonies, dans les danses lors des pow-wow et pour gérer des entreprises. Nous avons besoin de solidarité et de représentation pour notre survie ; c’est la moindre des choses. Lorsque l’avenir des personnes bispirituelles sur la terre me cause de l’anxiété, alors que nos droits sont constamment attaqués, être en mesure de participer à des événements comme le pow-wow bispirituel de Toronto aide à ranimer ma connexion à mon identité et à ma communauté bispirituelle. 

Atreyu est une personne libre qui vit éternellement, peu importe ce qui arrive, et qui choisit d’être heureux·se, malgré ses insécurités. À travers les histoires et souvenirs que je porte, j’espère pouvoir aujourd’hui célébrer mon identité autochtone et l’harmonie qui découle de la liberté de m’exprimer et d’exister en tant qu’être ouvert au genre fluide.

Au sujet de l’auteur

Atreyu Lewis (iel/il) est un étudiant, organisateur communautaire, intervenant communautaire et défendeur de droits Anishnaabe Ojibwe et Punjabi queer trans qui étudie à l’Université McGill. Iel est originaire de Tkaronto sur le territoire du Traité 13 et réside actuellement à Montréal sur le territoire non cédé Kanienkehaka. Son travail consiste à chercher des solutions et des approches à la justice basées sur l’équité pour les communautés marginalisées, les droits autochtones, la justice pour les personnes en situation de handicap et sur le spectre de la neurodiversité à l’aide de cadres anti-oppressifs.

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