Plongez dans l’univers coloré de l’artiste queer asiatique Min Ngo! Du lien qui unit sa passion et l’exploration de son identité à la propagation de joie à l’aide d’une boutique adorable et de fan art, son parcours est inspirant! Ne manquez pas son histoire!

Trouver sa fierté dans l’art : amplifier la représentation 2ELGBTQ+ et asiatique

Peux-tu nous parler de ton parcours en tant qu’artiste queer asiatique et des façons dont ton identité a influencé ton art?

Quand j’étais jeune, j'aimais beaucoup l’art en général et le dessin; j’étais très inspiré·e par ma sœur aînée qui adorait dessiner dans le style anime à l’époque.

J’ai continué à adorer le dessin! J’ai eu un moment au début du secondaire où je me suis plongé·e dans l’art numérique – en vieillissant, j’ai un peu perdu l’intérêt. Ensuite, j’ai exploré l’animation, la création et le montage vidéo. C’est à ce moment que j’ai commencé à me poser des questions sur mon orientation sexuelle et sur mon identité de genre. J’avais de la facilité à exprimer mon identité queer dans les vidéos que je montais, qui présentaient souvent des relations et personages queers. J’ai éventuellement aussi perdu l’intérêt pour le montage vidéo au fil des années.

Je pense que ce qui m’a aidé·e à retrouver ma passion pour l’art et le dessin c’est quand j’ai vraiment nourrit le lien entre l’art et mon identité en tant que personne non seulement queer, mais aussi asiatique. J’attribue énormément de mérite à ACAS (Asian Community AIDS Services), qui ont un programme pour les jeunes personnes asiatiques queers et trans. À la fin du secondaire, j’ai vu une annonce passer sur Instagram et je me suis dit, « Oh, je pense que je vais me joindre à ce groupe. »

Je pense que c’était la toute première fois où j’ai fait le pont entre les composantes de mon identité intersectionnelle en tant que personne queer et asiatique. Dans le cadre du programme et en parlant avec d’autres jeunes personnes queers asiatiques, nous avons fait plusieurs activités spirituelles et de connexion qui m’ont aidé·e à cultiver un lien plus profond avec mon art.

Peux-tu expliquer l’inspiration derrière le nom de ta boutique, SquishLamb?

Bien sûr! L’histoire est super touchante. Je vais d’abord expliquer la partie « lamb » (agneau), la deuxième partie du nom. Ma sœur et moi aimons beaucoup les moutons, et ce depuis l’âge de 10 ou 11 ans.

Nous avions acheté un toutou de mouton au Winners et l’avons appelé Baabaa. Ma sœur lui a vraiment donné vie en lui attribuant une personnalité bien à lui. C’était mon jouet préféré et même à ce jour, il a une place bien spéciale dans mon cœur! Donc la partie « lamb » sert à représenter le lien que j’ai avec ma sœur et les souvenirs de notre jeunesse.

La partie « squish » est là juste parce que c’est mignon. J’aime les choses « squishy », les trucs mous que je peux serrer. 
 
Baabaa

C’est aussi lié à ma page Instagram personnelle, que j’ai nommée Chuulamb pour des raisons semblables; « lamb » pour la même raison et « chuu » parce que c’est mignon. Donc quand j’ai créé ma boutique, j’avais envie de lui donner un nom lié à Chuulamb, mais un peu différent.

De quelles manières fais-tu appel à ton art pour militer pour la représentation 2ELGBTQ+ ou asiatique?

Je travaille actuellement sur un projet avec le ACAS où j’aide à créer les illustrations pour les épisodes de leur balado, qui s’intitule Tangled Threads. Je collabore avec un·e autre artiste et ensemble, à chaque mois, on alterne sur la création de l’illustration. C’est une super expérience de pouvoir créer de l’art en me basant sur différentes personnes queers et asiatiques dans la communauté. C’est une expérience positive qui comprend une dimension de guérison et de création de liens directs avec ma communauté.

À part ça, j’adore créer du fan art; j’adore notamment créer du fan art de téléséries que j’écoute qui présentent des personnages queers de façon saine. J’ai notamment partagé beaucoup de fan art de Heartstopper et de The Owl House. Les deux séries sont conçues pour les ados ou même les enfants. Il y a pourtant une dimension de guérison de l’enfant à l’intérieur de moi quand je les écoute en tant qu'adulte et que j’accède à ce que j’aurais aimé avoir quand j’étais plus jeune.

Je vends aussi des porte-clés de moutons à l’effigie de la fierté, ce qui est assez fidèle à l’esthétique de Squishlamb évidemment à cause de la partie « lamb ». J’ai aussi créé des autocollants pour souligner la nouvelle année lunaire parce que j’avais envie de les créer pour la communauté asiatique sans essayer de pousser un produit ou d’en vendre une certaine quantité. C’est super significatif et encourageant lorsque j’ai des commandes et que les gens me disent, « Je cherchais justement exactement ça, » ou « ton art est adorable, merci »; je me sens vraiment épanouie·e quand je vois que mon art peut avoir cet effet.

Via Squishlamb

Have you faced any challenges or obstacles in your career as a queer Asian artist and how did you overcome them?

Quel rôle la communauté et les espaces plus sûrs jouent-ils dans ta croissance artistique et personnelle et dans ta compréhension de ton identité?

Fréquenter ces organismes communautaires, ces clubs scolaires et tous ces espaces plus sûrs m’a vraiment aidé·e à gagner de la confiance en qui je suis de façon générale. Je pense aussi qu’écouter les histoires des gens, qui peuvent être semblables à mes expériences en tant que personne queer asiatique, m’a beaucoup apporté. C’est inspirant. C’est tout aussi précieux de créer des liens avec des personnes en sachant qu’elles ne me jugent pas parce que je suis queer ou asiatique. C’est très nourrissant parce que je sens qu’une partie de moi peut simplement se laisser aller et être libre. Tandis que si je suis avec des gens sans savoir s’ils sont ouverts aux personnes queers, alors je me sens un peu plus restreint·e dans la manière dont je m’exprime. 

Grâce à ces expériences communautaires, j’ai acquis beaucoup de confiance en qui je suis. Je ne suis plus gêné·e et je n’ai plus l’impression de ne pas pouvoir mentionner le fait que je suis bisexuel·le ou non binaire. Un élément important que j’ai appris de ces espaces communautaires, c’est qu'il y aura toujours des personnes qui m’accepteront tel·le que je suis.

On ressent parfois le besoin de militer, sans cesse, pour notre identité et notre communauté et ça peut être très demandant. Si c’est la seule chose sur laquelle on se focalise, ça peut devenir très vidant, émotionnellement. Ces espaces m’ont appris que j’ai aussi le droit de me reposer et de retourner au militantisme lors que je me sens prêt·e et énergisé·e à nouveau.

Qui sont tes principales sources d’inspiration dans la communauté asiatique? Y a-t-il des artistes que tu aimerais souligner?

Je pense immédiatement au ACAS encore, surtout parce que le début de la reconnaissance de mon identité intersectionnelle queer et asiatique y est si directement lié. Il y a beaucoup de personnes que je pourrais nommer, mais je vais juste mentionner Dany, qui gère beaucoup de la programmation et qui crée de l’art que j’adore! J’ai vraiment aimé travailler à ses côtés il y a quelques années, c’est vraiment une personne géniale!

Et ce qui a trait à la culture pop, je dois mentionner Rina Sawayama. Mes hymnes queers préférés de cette artiste sont This Hell et la touchante Chosen Family.

What advice would you give to aspiring queer artists who might be struggling to find their voice or navigate their identity through art?

Quel est selon toi le rôle de l’art dans la promotion de l’inclusivité et de l’acceptation des identités diverses, surtout au sein des communautés 2ELGBTQ+ et asiatiques?

Ce qui est si spécial dans l’art, ce sont les histoires qu’on peut y incorporer à l’aide de toutes sortes d’approches variées : que ce par soit l’écriture, les arts visuels ou de la scène ou quoique ce soit d’autre. Selon moi, en représentant ces histoires, on aide toutes sortes de publics, qu’ils soient queers asiatiques ou non.

Un peu plus tôt, j’ai mentionné Heartstopper et The Owl House donc prenons-les en guise d’exemples.

Heartstopper est un récit initiatique queer. C’est un projet de cœur créé par des personnes queers, pour un public queer. Les adeptes se réconfortent en lisant ou en regardant la série qui raconte des expériences queers auxquelles l’on peut se rattacher. Quand j’ai lu et vu la série pour la première fois, je me suis senti·e inclus·e. La phase d’éveil bisexuel de Nick ressemble beaucoup à quelque chose que j’ai moi aussi traversé!

The Owl House est un dessin animé de Disney qui aborde la magie et l’amitié. Un·e enfant qui a envie de commencer une nouvelle série tombera peut-être sur celle-ci. Au fil des épisodes, l’enfant sera exposé·e à une représentation positive d’une relation romantique queer et de personages issus de la diversité de genre. Et la série n’est pas nécessairement écrite au sujet de l’expérience queer. Il s’agit tout simplement d’une facette de l’histoire : cela communique que c’est tout à fait normal. C’est normal d’être une personne queer et je pourrais dire la même chose sur la représentation asiatique : je ressens plus fortement le lien à mon identité asiatique lorsque celle-ci est représentée et célébrée dans l’art qui m’entoure.

Comment décrirais-tu l’expérience d’avoir ta propre boutique pour vendre ton art queer et asiatique?

C’est une expérience tellement chouette! C’est quelque chose que j’avais envie de faire depuis un bon moment. J’ai finalement fait le grand saut en 2021; j’ai acheté du matériel pour me lancer, comme du papier autocollant, une imprimante et des trucs du genre.

J’étais très, très enthousiaste à l’idée d’ouvrir ma boutique! Maintenant elle est en ligne et je reçois des commandes une fois de temps en temps, et ça me fait sentir vraiment épanouie. Comme j’en ai parlé plus tôt, c’est surtout gratifiant lorsque j’ai des commandes et que les gens laissent des commentaires comme, « Ça fait longtemps que je cherche un truc comme ça! ».

Mes moutons de la fierté, par exemple, sont assez subtiles. Ce sont des dessins de moutons, mais aux couleurs des différents drapeaux de la fierté. Ce n’est donc pas trop évident mais plutôt, si tu sais, tu sais.

J’ai donc parfois des client·e·s qui laissent des notes en disant par exemple, « Ça fait un moment que je suis à la recherche de quelque chose d’assez subtile pour que mes parents ne comprennent pas mais que je puisse quand même me sentir lié·e à mon identité. » Je me sens tellement comblé·e de pouvoir créer un autocollant qui offre un espace plus sûr pour que cette personne arrive à sentir qu’elle a confiance en elle.

What advice would you give to queer Asian youth right now?

À propos de Min

Bonjour! Je m’appelle Min (elle/iel), je suis un·e motion designer, designer graphique et illustrateur·rice qui adore tout ce qui est magique et mignon. Squishlamb est l’un de mes rêves devenu réalité, une boutique d’autocollants où j’ai la liberté de concevoir tout ce qui m’apporte de la joie (ce qui implique souvent des dessins d’animaux mignons). Au-delà de mes aventures entrepreneuriales, j’aime beaucoup combiner le soin de ma communauté et l’art!

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