Une lettre encourageante remplie d’amour et d’affirmations validantes!

Une lettre d'amour aux personnes grosses, queers et trans

Chère personne grosse queer et trans,

Je t’aime.

J’aime comment les bourrelets dans ton dos ressemblent à des vagues qui s’écrasent sur la berge quand tu t’étires en te réveillant le matin. J’aime comment ton ventre déborde de tes pantalons, rond et mou, et comment des vergetures rouges tracent le chemin jusqu’à ton cœur. 

J’aime la plénitude de tes joues, ton double - triple menton, comment il se balance quand tu ris, un oiseau prêt à s’envoler. J’aime tout l’espace que tu occupes en existant tout simplement, en t'allongeant sur l’herbe, seul·e ou entouré·e des personnes que tu aimes, lorsque tu marches dans la rue, t'assois sur un siège d’autobus, te prépare à te coucher le soir.  

Je ne sais pas c’est comment pour toi, mais chaque année quand on retrouve la saison chaude, je vis toujours un moment de vertige. Je suis toujours nerveux la première fois où je dois sortir de chez moi sans manteau ou coton ouaté, me rappelant le sentiment de vulnérabilité qui vient avec l’anticipation d’être observé et dévisagé. La première journée chaude ici est arrivée il y a quelques jours, et j’ai changé de tenue au moins cinq fois — j’ai fini par choisir une jupe taille basse et une camisole courte sur laquelle ma·on partenaire a imprimé des papillons et des fleurs avec du bleach. J’avais la gorge serrée en sortant dehors, même si mon ami·e (mince) était avec moi. en arrivant au parc on a déplié nos chaises de camping, sorti nos collations et avons commencé à lire. J’ai rapidement enlevé ma camisole pour laisser le soleil réchauffer mon visage et mon corps. sous ses rayons, les gros bourrelets de mon ventre, mes cicatrices de top surgery et mon visage fatigué étaient aimés inconditionnellement. J’ai sitôt senti mon corps se détendre dans cette douce étreinte. quand je me suis levé pour aller me chercher un cheeseburger tout près, je me sentais déjà beaucoup moins anxieux. Le lendemain, en me préparant pour retourner au parc, j’ai enfilé mes cuissards de vélo bien courts et une camisole crop top et je me foutais complètement de qui m’observait et de comment. 

ça ne se passe pas toujours comme ça, et c’est bien normal. j’ai intériorisé, il y a bien longtemps, que je devais toujours projeter une apparence forte et confiante autour des personnes minces, et que je ne pouvais jamais les laisser voir que j’ai parfois de la difficulté à aimer/apprécier/me sentir neutre par rapport à mon corps. ou plutôt, que la grossophobie partout – et de façon plus prononcée au sein des communautés queers et trans – me fatigue au point où je souhaiterais être mince juste pour ne plus y penser, enfiler une paire de jeans banale, un t-shirt blanc et des docs et être considéré comme une icône de la mode (ha ha). 

Tout ça pour dire : le soleil n’a rien à faire des standards de beauté racistes, capacitistes, grossophobes, classistes (etc etc) qui nous entourent. Le soleil sort et m’enveloppe avec amour dans ses bras. iel sait que mon corps, peu importe la quantité de douleur qui l’afflige cette journée-là, à peine capable de bouger, ou débordant d’énergie avec mes hanches qui se dandinent à chaque pas — que mon corps, existant tout simplement, est, a toujours été et sera toujours assez. Je ne sais pas si ça te parlera, mais voici une liste non exhaustive de quelques êtres qui me démontrent que je suis (nous sommes) toujours magnifique que je mérite (nous méritons) de l’amour et de l’attention : la lune, le soleil, les étoiles. les étendues d’eau. le vent. le sol. la pluie. les papillons et les coccinelles. Les arbres, les montagnes. les roches. 

Depuis presque un an, je vis dans un milieu rural (la ville la plus proche étant à une heure de distance) avec des colocataires qui sont minces et qui n’ont que des ami·e·s minces, et depuis quelques mois je réalise l’impact négatif que ça a sur moi. Je ne voudrais pas sortir avec aucun·e d’entre elleux, mais je les vois tous·tes sortir les un·e·s avec les autres et m’en parler (tu vois ce que je veux dire). Je vois le genre de personnes qu’iels trouvent attirant·e·s, le genre de personnes qui les intéressent, je les vois porter des vêtements amples qui pourraient aller à des personnes grosses. J’ai la chance de pouvoir parler de ces choses avec mes colocataires et iels sont tous·tes très réceptif·ve·s. mais c’est parfois juste difficile, malgré tout. J’ai donc rédigé, il y a quelques semaines, la liste partagée ci-dessus et je me suis immédiatement senti plus soutenu. Je ne peux pas toujours être soutenu par les personnes autour de moi ou même par moi-même, mais je peux toujours être vu et me voir dans la nature qui m’entoure. J’espère que tu te sens vu·e, une fois de temps en temps, ne serait-ce qu’un petit peu. J’espère que tu peux te rappeler qu’il y a tellement de personnes grosses queers et trans dans le monde qui sont avec toi, peu importe la distance entre nous. 

Je te vois. Je t’adore. Je reconnais ta valeur. Je te choisirai toujours. JE T’AIME! merci.

J’espère que tu peux te rappeler qu’il y a tellement de personnes grosses queers et trans dans le monde qui sont avec toi, peu importe la distance entre nous. Je te vois. Je t’adore. Je reconnais ta valeur. Je te choisirai toujours. JE T’AIME! merci.

Au sujet de l’auteur

 

 

 jack (y/eux/les, accords masculins) est une personne blanche queer et trans qui travaille et milite dans le milieu communautaire sur le territoire Wolastoqiyik Wahsipekuk. son travail est ancré dans la justice pour les personnes en situation de handicap et sur le spectre de la neurodiversité, la libération des personnes grosses, et dans des cadres 2SLGBTQIA+ et anti-oppressifs. y aiment lire, passer du temps près de l’eau, préparer des gâteaux pour leurs ami·e·s et écouter des séries télé en rafale. 

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For generations, my indigenous communities and queer and trans communities solely survived erasure through the strength of their communities. For many queer and trans communities, this survival was hidden underground and behind the scenes in urban areas. They created queer and trans spaces for themselves to feel safer and to live freely, where they can share ideas about their needs. Those spaces came to fruition to fulfill the need to be seen, celebrated and loved, but also to acknowledge the fact that queer and trans people have always existed. For folks living in rural areas, it is especially hard to embrace your identities for many reasons previously stated, but communities begin in those individual relationships. It is with great privilege, I invite you to embrace your identities, whether it is 2SLBGTQ+, Indigenous, or rural because people before and after you will hold the same or similar experiences. You are not alone. To live freely can and might bring some societal challenges, and I would like to be mindful of that, but the smallest action can ripple on forever. Create spaces for 2SLGBT+ people, for our ancestors and future generations, and create spaces you need.  

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