Queering the Roadmap to Filmmaking
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Quand j’ai montré qui j’étais, de façon authentique, à ma mère pour la toute première fois, elle ne savait pas trop comment digérer la nouvelle. J’avais toujours utilisé mes vêtements et mes cheveux pour m’exprimer. Mes sœurs me peignaient les ongles et ma mère me laissait choisir la teinture capillaire temporaire que je voulais au Walmart. Je m’habillais même en « vêtements pour filles » pendant la majorité du secondaire. Même si l’administration de l’école me donnait du fil à retordre, ma mère m’encourageait toujours. Jusqu’à ce que je revendique fermement ma féminité – lorsque j’ai choisi un nom dans lequel je me retrouvais. Elle était coincée entre ses propres croyances et un mariage qui ne lui laissait pas la liberté de prendre les commandes. Elle était, en quelque sorte, la messagère et non la source.
La première fois que j’ai dû partir, je l’ai fait sans qu’on me demande directement de quitter. La plupart des conversations finissaient en cris. On m’appelait par un nom et avec des pronoms qui ne m’appartenaient pas. Le monde extérieur me paraissait, de plusieurs façons, beaucoup plus accommodant. Avais-je vraiment le choix? Lorsque j’en ai eu assez de dire bonne nuit à un nouveau divan chaque soir, je suis revenue.
La deuxième fois que j’ai été mise à la porte du foyer familial, c’était par l’entremise de ma mère que mon père et ma famille élargie m’ont fait parvenir le message. J’arrivais à voir l’impuissance dans ses yeux le matin où elle m’a annoncé la nouvelle. Je mentirais si je disais que je ne suis pas, à ce jour, en colère contre elle.
Ma présence était un cadeau qui impliquait de nombreuses restrictions.
Sahar (elle/iel) Tweet
À cause de ça, elle ne pouvait dorénavant me voir qu’une fois tous les deux mois. Elle voulait à chaque fois tout savoir sur mon entourage, elle voulait parler aux personnes dans ma vie. Cette situation était bien différente des années de distance entre nous lorsque « rester chez un·e ami·e pour étudier » était une entente tacite de silence entre nous. Ma présence était un cadeau qui impliquait de nombreuses restrictions. Au cours des quelques années qui ont suivi où j’existais à l’extérieur du noyau familial, elle a eu un aperçu de moi, incarnant la personne que j’étais à l’époque. À 66 ans, elle s’est fait tatoué pour la première fois.
Dans ses propres mots, elle m’a dit que je l’avais inspirée à revendiquer son autonomie coûte que coûte. Elle a commencé à parler ouvertement de la maltraitance aux mains de son mari, de son besoin de s’émanciper, et peu après le début de la pandémie elle a quitté la maison. Elle a emménagé avec un homme trans dans la fin vingtaine et a commencé à vivre une vie digne d’une jeune personne queer venant d’emménager dans son premier appartement. La première fois qu’elle a quitté le domicile familial, c’était pour se marier, et la seconde et dernière fois était lorsque la guerre civile libanaise s’intensifiait. C’était donc la première fois qu’elle vivait avec un ami dans la grande ville. Elle était le Petit Prince qu’elle s’était fait tatoué sur le bras droit.
They would smoke weed, compare recipes and go on nature walks. He is Syrian and she is Lebanese, and while whose food was better was always a debate, there was no competition when it came to her spaghetti. They had late night smoke sessions, became each other’s confidants, broke some pandemic rules and supported each other through a couple of bad trips and anxiety attacks. Reader I’m breaking it to you now – there is no surprise ending – my mother is very much a woman and very much likes men. Elle partage pourtant beaucoup de points communs avec les personnes queers dans cette histoire de filiation unique qui s’est enrichie en 2020.
Un peu comme moi, le moment est éventuellement venu pour elle de déployer ses ailes et de déménager dans un petit appartement toute seule. Lorsque je suis allée la voir une semaine après son emménagement, elle m’a présentée à tout le monde dans l’immeuble et s’était proposée pour enseigner le français à la personne chargée du nettoyage de l’endroit. L’année suivante, nous avons passé toutes sortes de beaux moments ensemble. Nous parlions de parties de nos vies dont nous n'avions jamais parlé auparavant, quand le sentiment de sécurité manquait. J’ai appris des secrets de famille qui expliquaient pourquoi le fait que je suis trans était aussi activant pour plusieurs. Nous nous sommes endormies en regardant Crip Camp, des films d’horreur et nous nous retrouvions toujours sous la lumière du four à grignoter des collations de minuit. Nous avons même lutté contre quelques fantômes ensemble.
Ma mère a toujours souffert de douleurs chroniques intenses et de maladies que les médecins ne semblent jamais soigner adéquatement. Bien que sa médication s’est ajustée pour le mieux au fil des années, c’était la première fois que je la voyais exhiber autant de vitalité, et elle s’est mise à rêver à nouveau.
Sahar (elle/elle/la) est une femme trans queer libanaise qui est née et qui a grandi à Tio:tia'ke / Montreal.
Elle travaille dans le secteur communautaire avec une approche qui centralise le plaisir, la filiation et la réduction des risques.
Dans ses temps libres, elle peint, écrit et profite du plein air avec ses proches.
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