Queering the Roadmap to Filmmaking
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J’ai mis beaucoup de temps à trouver mon équilibre au début de la pandémie. En rentrant chez moi après le tournage de Canada’s Drag Race, mon feu intérieur était vacillant. J’ai eu de la difficulté à rebondir et à me sentir comme moi-même alors que mon rêve se réalisait. J’avais une tournée de prévue, des performances et des nouvelles importantes; tous mes rêves étaient en train de se réaliser, et ça m'a beaucoup aidée Et puis c’était le confinement et, étant une vierge débordante d’anxiété, je me doutais que ce n’était pas près de finir. Je devais rester réaliste par rapport à ma situation
Mon mari et moi avons fait nos valises pour quitter notre appartement à Toronto (que j’occupais depuis 10 ans) et déménager chez ma famille dans la maison de mon enfance. Au début c’était vraiment génial! Ma famille est très relaxe, c’était presque l’été, et on avait tellement plus d’espace pour vivre. La seule chose que je devais ajuster c’était le drag. Je voulais continuer à travailler et à demeurer pertinente, alors j’ai dû m’adapter. Mon idée originale pour rester créative était de faire un « live » sur Instagram chaque vendredi avec un·e nouvel·le artiste drag. Iels m’accordaient une entrevue et en même temps me montraient comment reproduire leur maquillage. Ça se passait bien et ça m’amusait et me comblait au départ, mais Instagram ne semblait pas être la bonne plateforme pour ce genre de choses. Plus le temps passait, plus me mettre en drag m’irritait et j’appréhendais les vendredis. C’est là que j’ai su que je devais trouver un nouvel exutoire pour ma créativité.
Lorsque la diffusion de Canada’s Drag Race approchait à grands pas, plusieurs gigs virtuels de drag étaient offerts à la distribution. On nous demandait de créer des performances virtuelles alors que j’étais dans le processus d’économiser autant d’argent que possible. Je voulais améliorer mon art sans dépenser tout mon argent dans de l’équipement de qualité. Donc avec l’aide de ma famille, on a transformé le garage en studio. J’utilisais mon iPhone, un projecteur, une lampe annulaire et un drap blanc ou noir suspendu en guise d’arrière-plan afin de créer autant de performances virtuelles drag que possible et ainsi continuer à travailler et à créer du contenu.
Le moment où le début de Canada’s Drag Race a été annoncé n’aurait pas pu mieux tomber. C’était incroyable de bénéficier de ce niveau d’exposition et c’était la seule chose qui nourrissait ma motivation en 2020. Je suis extrêmement privilégiée d’avoir eu la chance de paraître sur cette plateforme immense à un moment si difficile pour mon milieu professionnel. Ça m’a donné l’occasion d’accéder à un revenu substantiel et de ne pas avoir à dépendre de l’aide gouvernementale. Je me sentirai toujours reconnaissante de ça. Tout l’amour que j’ai reçu suite à mon apparence dans l’émission a vraiment atténué la douleur causée par la différence entre la réalité et les attentes que j’avais en ce qui concerne mon parcours à l’émission.
En visionnant le programme et en voyant mes supporteur·se·s réagir, j’ai réalisé que je n’avais pas complètement digéré l’expérience que j’avais vécu. En sentant mon feu intérieur s’étouffer peu à peu, j’ai décidé qu’il était temps pour moi de chercher le soutien d’une thérapeute. Je pouvais passer des journées entières au lit à ignorer tout le monde, incapable de me sentir positive. Pour mon bien, je devais travailler sur ma santé mentale. J’ai commencé une thérapie et c’était la meilleure décision que j’aie jamais prise. J’ai été capable de travailler sur mes problèmes et de me pencher sur des émotions que par le passé j’ignorais ou que je ne savais pas comment gérer. Ma thérapeute m’a aidée à comprendre des choses importantes par rapport à moi-même et à mes pensées. Elle m’a donné des devoirs et m’a montré comment gérer mon anxiété et mes pensées négatives plutôt que de broyer du noir, ou peu importe ce que je faisais avant.
Une fois que les taux de transmission de COVID ont finalement commencé à diminuer, mon mari et moi avons acheté notre première maison. Les choses semblaient finalement aller pour le mieux! C’était alors aussi plus sécuritaire de travailler à l’extérieur de la maison. On m’a offert de petits gigs et des petites tournées, alors j’ai fait le saut et je me suis mise à performer en personne à nouveau (avec quelques ajustements en matière de sécurité, bien entendu). Avec le recul, par contre, je réalise que ce n’était pas la meilleure décision. Malgré les précautions, je n’étais jamais confortable lors de ces performances. Ça me semblait injuste de travailler alors c’était impossible pour tellement de gens. J’avais aussi l’impression que, sans le vouloir, je mettais des personnes, en plus de moi-même, à risque. Je suis contente d’avoir vécu ces expériences; elles m’ont permis de comprendre comment prendre de meilleures décisions à l’avenir.
Ensuite, 2021 est arrivée. On était à nouveau en confinement et je suis restée à la maison pour Noël, mais je me sentais confortable là-dedans. On était habitué·e·s de ne jamais quitter la maison. Comme on ne voyait déjà presque plus la famille et les ami·e·s, ça n’a pas vraiment été un ajustement de ne pas pouvoir les voir durant les fêtes. On avait tellement d’espace et étions très occupé·e·s, en tant que nouvelleaux propriétaires. Malgré cette distraction, je ressentais toujours le poids d’être malheureuse lorsque je me mettais en drag. J’avais de la difficulté à trouver l’équilibre et de faire en sorte que j’aie réellement envie d’être en drag. Les caméos, les TikToks, et les selfies c’est bien, mais je ne sentais pas que j’avais une raison d’être. C’est ce sentiment qui m’a amenée à tout améliorer. J’ai investi de l’argent dans une caméra, dans de l’équipement d’éclairage, et j’ai même construit mon propre ordinateur (pièce par pièce — je me sentais comme la plus iconic des ingénieures).
J’ai créé une installation et un espace qui me permettait de me sentir motivée à nouveau. J’ai créé une chaîne YouTube et je me suis mise à faire du streaming sur Twitch, et je ne me suis jamais sentie aussi heureuse. Je suis reconnaissante de pouvoir créer et gagner de l’argent tout en restant en sécurité à l’intérieur. La meilleure partie, c’est que je me sens à nouveau excitée à l’idée de me mettre en drag et que je suis entourée d’une communauté positive et heureuse. Après cette année mouvementée, je sens finalement que mon feu intérieur est bien alimenté.
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